Frédéric Van Roekeghem

Publié le par Pollux-de-Castor


Réforme : le pilote est un libéral de choc

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Doté de superpouvoirs, le patron des caisses de Sécu, Frédéric Van Roekeghem, veut redresser les comptes en ne remplaçant qu'un départ à la retraite sur deux.


Les directeurs des caisses primaires l'appellent déjà « Rocky ». Nommé en novembre 2004 à la tête de la Caisse nationale d'assurance-maladie des travailleurs salariés (CNAMTS), Frédéric Van Roekeghem, 47 ans, est un directeur général doté de pouvoirs sans précédent. C'est lui qui, désormais, fixe l'orientation générale de l'action des CPAM. C'est à lui que les directeurs doivent rendre des comptes. Ainsi en a décidé la loi de réforme de la Sécurité sociale entrée en vigueur le 1er janvier 2005, dont il a été l'un des principaux architectes, lorsqu'il était directeur de cabinet du ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy.
 

Face aux patrons des caisses réunis le 18 janvier 2005 au nouveau siège de la CNAMTS, porte de Montreuil, en périphérie de Paris, Frédéric Van Roekeghem s'est appliqué à mobiliser et remotiver les troupes. Une réunion d'émulation afin d'expliquer combien le « réseau » sera essentiel pour redresser les comptes de la Sécu. Une manière aussi de rappeler que la Caisse nationale est « tête de réseau », et même « holding », comme aime à le répéter ce libéral décomplexé. Un rôle qu'elle n'a jusque-là jamais vraiment exercé.


Nommé pour cinq ans, le nouveau directeur général milite en faveur d'une assurance-maladie qui « cesse d'être un payeur aveugle », « pour passer d'une logique de coût à une logique de retour sur investissement ». Une gageure, mais le terrain lui est familier. Formé à l'Ecole polytechnique, Frédéric Van Roekeghem a fait une partie de sa carrière à Bercy et a été patron de la banque de la Sécu, l'Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss).


« Même si les caisses jouissent d'une autonomie liée à l'histoire, même si elles doivent garder leur esprit d'initiative, il faut aujourd'hui rendre leurs actions cohérentes et obtenir des effets de levier, qui ne peuvent encore jouer à plein », juge-t-il, un brin euphémique. Prudent dans ses fonctions, se départant rarement de la langue de bois, le nouveau directeur ne peut tout de même que reconnaître « des différences substantielles de productivité au sein du réseau, notamment à cause de la politique de recrutement des années passées ».


A l'avenir, pour résorber les sureffectifs, il compte jouer à fond sur les départs massifs à la retraite : « Un sur deux seulement sera remplacé, ce qui n'est pas si courant dans l'administration. » Aux directeurs, il imposera un « benchmarking des bonnes pratiques », une « mutualisation des moyens » - mais il semble peu enclin à aborder la question ultrasensible du regroupement des caisses -, de possibles mutations et des évaluations personnelles, avec à la clef « des éléments de salaire individualisés, liés, à terme, à la réalisation des objectifs ». L'association des directeurs de caisse rêve d'un bonus de 10 %.

    Des managers de caisse formés à l'ENA de la Sécu

Ils sont 80, chaque année, à sortir de l'EN3S, l'Ecole nationale supérieure de Sécurité sociale, l'ENA de la Sécu. L'école des directeurs de caisse, qui a changé de nom avec la loi sur la réforme de l'assurance-maladie, a été créée il y a près de cinquante ans. Sise à Saint-Etienne, dans la Loire, elle forme en deux ans des étudiants issus du supérieur, recrutés sur concours et destinés à des fonctions d'encadrement dans toutes les branches de la Sécurité sociale. Au programme : cours musclés de comptabilité, de gestion et de finance. Ceux qui choisissent l'assurance-maladie se spécialisent ainsi en droit de la santé, régulation des dépenses et gestion du risque. Pendant la formation, les étudiants en 2005 touchaient 2 000 euros nets sur 14 mois. En fin de carrière, ils peuvent espérer atteindre les 6 000 euros nets s'ils dirigent une grosse caisse. Les nouveaux promus vont avoir davantage que leurs prédécesseurs l'occasion d'appliquer leurs connaissances. Car, depuis 2003, le travail des directeurs est évalué par le siège parisien. « Ce n'est qu'un début, estime l'un d'eux. Pour l'instant, on nous tend un miroir qui flatte notre ego. Mais ça va changer ! » La CNAMTS promet des critères d'appréciation plus serrés, en fonction de la réalisation d'objectifs, et compte même introduire une partie variable dans leur rémunération.

Référence: Sabine Syfuss-Arnaud

                                       
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Publié dans L'Oeil sur eux

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