Grippe A - Une pandémie à la Française (lire la suite)

 

Trop de transparence ?

 

Pour la première fois - et fait peu banal dans l’histoire habituellement plutôt aseptisée et pasteurisée des sérothérapies - la ménagère audiovisuelle a assisté d’un bout à l’autre de la chaîne à l’avènement d’un vaccin. De sa conception à son usinage, en passant par ses autorisations de mise sur le marché, aucune étape ne lui aura été épargnée ni discutée de long en large au grand-messe du 20 heures par des assemblées radoteuses de tempes grises. De même, et puisque pour une fois, questions modalités, on la faisait participer à l’unisson des biologistes, elle ne s’en est pas privée et a donné son avis hautement éclairé sur tout. Adjuvants ou non ? Mono ou pluri-injections ? Doit-on vacciner les seules populations à risque ? Faut-il rendre la vaccination obligatoire ? Fermer les aéroports ? Porter le masque à la piscine municipale ? Passer le niveau d’alerte de l’OMS au stade 6 ?

 

Or, chemin faisant - et là est bien tout le schisme d’avec les scientifiques - notre apprentie-chimiste du PAF s’est prise sur le pif une réalité qu’elle avait jusqu’alors que peu soupçonnée : la notion de différentiel entre risque encouru et bénéfice engrangé. Un produit actif, qu’il soit sous la forme de petites pilules roses ou bien de vaccins, présente intrinsèquement une part de danger. Il y aura des effets secondaires, des réactions allergiques post-vaccinales, probablement même des décès médicamenteux, le tout étant de savoir si la balance de la santé publique penche davantage vers la prise de risques pharmacopées ou vers l’abstinence.

 

Ce type d’interrogation, inhérent à toute création pharmaceutique et qui fait le quotidien de nos chercheurs, est tombé comme une massue sur les carafes béotiennes et a crée une immédiate et profonde anxiété populaire. Celle-là même qui prend aujourd’hui des proportions aussi schizophréniques qu’extraordinaires…

 

Trop de principe de précaution ? 

 

Bien sûr, Roseline, en un élan humaniste et inconsidéré, en a fait des masses et a acheté pour 1% de la population 10% des réserves mondiales de vaccins. Soit, calcul hautement pragmatique, un vaccin par tête de pipe. Cela peut paraître excessif, mais peut-on le lui reprocher ?

 

Il est aisé de railler à présent que le vent du boulet est passé au-dessus de nos têtes…

 

Que serait-il advenu si son « principe de précaution » avait joué à plein face à une pandémie meurtrière et sauvé des milliers de vies ? On lui aurait baisé les pieds à la Roselyne, et on l’aurait porté aux pinacles des exemples d’Etats à suivre. On l’aurait canonisé…

 

N’oublions pas que toutes les décisions ont été prises en avril, à un moment ou personnes - scientifiques y compris - ne savaient strictement rien envisager de l’avenir et du devenir de la pandémie. D’ailleurs, le sait-on seulement aujourd’hui encore ?

 

A tous ceux qui la joue gouailleur, je demande de considérer ce qu’il serait advenu de leurs glousseries si jamais l’actualité avait donné raison à la ministre ?

 

Moi, Roseline, je te tire mon chapi-chapeau.


Carton rouge pour le médical

 


De son coté le médical (et nous ne sommes pas certains que ce soient là ses plus hautes lettres de noblesse) a largement participé à l’incurie générale en refusant massivement de se faire vacciner (seulement 10% selon les sources officielles, bien moins en réalité). En effet, comment ne pas fantasmer le pire sur ce vaccin fait « à la va-vite » puisque même les blouses blanches s’en défient ?…

 

Or, et là est notre tort incompressible, nos raisons ne sont pas exactement identiques à celle des masses béotiennes. Beaucoup d’entre-nous ne se sont pas vaccinés non pas par crainte du sérum - que nous savons être de dangerosité strictement égale à celui de la grippe saisonnière, c’est à dire proche du néant - mais par laxisme soit par calcul des risques face à ce que d’aucun considère n'être qu'une simple grippette à faible virulence. Certes de grandes chances de l’attraper, mais bien peu d’en mourir. Juste un sale petit moment à passer.

 

Or, si l’on fait un calcul pour soi que l’on peut penser à priori raisonnable et couru « sa » propre part de risque, on a juste oublié au passage que l’on entraînait derrière soit celle des « autres » et principalement celle de nos patients, souvent bien plus faibles et exposés que nous.

 

Là, le calcul, et pardonnez du peu, n’est plus du tout raisonnable…


Un bilan bien peu rutilant

Les conséquences implicites d’une telle « gestion du risque » sur le plan hexagonale et l’image populaire navrante qu’il en ressort seront, à notre sens, hautement regrettables et doubles.

 

Il est à supposer que le gouvernement, piégé à son propre jeu de la franchise, embourbé jusqu’à la truffe dans d’interminables palabres et justifications, en tirera les leçons et reviendra à son Etat normal, c’est à dire à celui du silence de plomb genre Tchernobyl, et considèrera que l’on ne peut pas tout dire à une population tenue pour immature. Et le fait est…

 

Il est donc probable qu’à l’avenir, face à toutes nouvelles menaces sur nos populations, quelles soient d’ordres bactériologiques, industrielles, voir guerrières, le discours officiel soit de re-chef un brin mâtiné de langue de bois…

 

L’autre incidence, tout aussi péjorative, est le reflet inquiétant que projette l’immobilisme et la pusillanimité d’une population face à un risque majeur qu’aurait pu être un véritable fléau pandémique. Or, et ne l’oublions pas, en moyenne une calamité de ce genre apparaît tous les huit mois en un quelconque point du globe…

 

Nonobstant que la grippe A peut encore devenir ce fléau. Cette semaine en Hollande le virus a « muté » (ô pardon ! C’est « recombiné ») pour la première fois chez trois personnes, dont deux en sont mortes…

 

Quelques contre-vérités

 

  • Les laboratoires font du blé sur le dos des malades ! Oui, indiscutablement. Et toi, pomme, tu fais quoi dans ton officine ?…

 

  • Les laboratoires font de l’intox publicitaire ! Cette assertion me vient d’un de mes confrères à la plaque professionnelle de deux mètres-carrés, clignotante de jour et fluorescente la nuit...

 

  • Roselyne a 60 millions de dope sur le rade à refourguer d’urgence ! Oui, à cela près qu’elle les « refourgue » gratos et qu’il convient davantage d’y voir un geste citoyen que mercantile. Tu en connais beaucoup, toi, des vaccins que l’on distribue gracieusement ?…

 

  • Les médecins libéraux ne sont pas conviés à la vaccination. Ca n’est pas un signe, çà, de grosse fourberie ? Non. C’est juste oublier que la grippe A, dès avril, a été conçue préventivement comme une pandémie hautement meurtrière. Que les mécanismes soignants et l’oligarchie thérapeutique a été mise en place conséquemment sur le modèle du « pied de guerre » et de la « vaccination de masse ». En ce sens, foin de finasserie, les centres de vaccinations, hautement plus contrôlables et d'une logistique plus souple, sont la réponse ad oc. Pour les subtilités de ville, prévoir un délai…

 

  • On ne sait rien de ce qu « ils » mettent dans leur « potion magique » ! Au contraire - et bien là est le gap - on ne la jamais tant su. Pour la première fois de l’histoire vaccinale la population a entre les mains tous les tenants et les aboutissants, et donc sa responsabilité citoyenne. Ors, de responsabilité, nous voyons bien le résultat…

 

  • Je n’appartiens pas à une population « à risque », pourquoi donc me faire vacciner ? Toi, sans doute pas, gros égocentrique (bien que des adultes jeunes et en bonne santé sont d’ors et déjà morts de la grippe A) mais tes proches, peut-être ? Es-tu disposé à leur faire courir inutilement ce risque ? 


Il n’est pas formellement interdit d’être moins borné


Pasteur à lui seul a sauvé cent fois plus de vies qu’en ont tué Hitler, Staline, Mussolini et Franco réunis. Il conviendrait non pas d’élever une statue à ce gars-là, mais un Institut. 

 

Un courant de pensée anti-vaccinal - très bobo et Paris-à-vélo-pissenlits-sur-le-guidon - a vu le jour depuis quelques années, curieusement en étroite corrélation avec la prise de conscience écolo et ses poubelles aux couvercles jaunes/bleus/verts. On trie sélectif et donc, par voix d’une ténébreuse inconséquence, on ne vaccine plus ses enfants.

 

Or, selon nous, il doit être possible d’aimer manger des pommes non-trafiquées, de mettre sa petite bouteille en plastoc dans le récipient couleur cocu, sans pour autant être planté bas de la frondaison ni réouvrir la porte aux ravageurs d’humains, aux 200 millions de morts annuels, que furent les grandes épidémies anciennes.

 

Tétanos, poliomyélite and so on, ont pratiquement disparu de nos paysages urbains grâce à quelques piquouzes bien-pensées.

 

Seule la tuberculose - et en raison unique d’un net recul vaccinal - a regagné en dynamisme au travers d’une population à haute précarité ou immunodépressive.

 

L’hépatite B, le fossoyeur de l’amour, tue chaque année bien plus de personnes que le Sida, même et surtout en France. Pourtant la rumeur et quelques suspicions de cause à effet non-établies de SEP post-vaccinales ont eu raison de la campagne salutaire et nationale de prévention publique. Bilan, sous la pression populaire, pourtant non-fondée, la vaccination de masse a connu son coup de grâce. Des gens, près de 20 000 dans l’hexagone, continuent donc de mourir annuellement pour une dés-information aussi tronquée que fantaisiste et sous la houlette de quelques affriolés du complot pharmacopée.

 

Pour autant je ne juge pas - qui suis-je pour le faire ? - je demande simplement aux petits croisés de l’anti-vaccination de prendre - enfin ! - leur responsabilité et de bien concevoir l’impacte ô combien délétère qu’ils ont sur l'opinion publique. Des gens - et pas qu’un peu - meurent chaque année par tombereaux, influencés qu'ils sont par ces conceptions quasi-sectaires et d'un autre siècle.

 

Or, et nous le savons bien, les conceptions anti-vaccinales reposent non pas sur des faits avérés et indiscutables, mais la plus part du temps sur une intuition toute existentialiste, pour ne pas dire un "mode de vie".

 

Alors, tous paranos ?


 
 

Assurément.

 

Mais, fait curieux - entre ceux qui feraient picouzer même leur poisson rouge et les autres qui, même asphyxiant des branchies et sous intubateur refuseraient la moindre injection - les agités du bocal semblent équitablement répartis dans les deux camps.

 

Bon-sens et sang-froid s’abstenir…

 

Pourtant la problématique est d’une simplicité évangélique.

Se vacciner est un devoir citoyen, humain - pour ne pas dire humanitaire - et avant tout un acte lucide de professionnel de la santé. C’est participer à faire barrage de sa hauteur de petite fourmi à l'ingression d’une contagion planétaire qui fera, nous le savons à présent, des milliers de morts à travers le monde, surtout le tiers-monde, et probablement près de 1500 en France.

 

Ors, et nous le savon également, la particularité du virus H1N1 c’est que, contrairement à la grippe saisonnière qui n’assassine « que » les personnes faibles et âgées (4 à 6 000 par an dans l’hexagone) ce spore-là emporte avec lui une population d’adultes jeunes et parfois en excellente santé.


L'ambiguïté des gens qui ne se vaccinent pas c'est que la plus part du temps s'ils ne choppent rien, c'est grâce à d'autres qui ont eu le civisme de le faire à leur place...
 

Se vacciner, c’est dire : « La grippe A, elle ne passera pas par moi ! ».

 

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