Le temps des carnassiers (lire la suite)


Le temps des galériens

3435 annex - heston charlton (ben-hur) 02
Évidemment, l’on se dit qu’il suffirait de commander aux cliniques - secret de Polichinelle - de ne plus tarifer deux fois la journée d’hospitalisation (entre malades qui quittent la chambre le matin et ceux qui y entrent l’après-midi) pour couvrir notre maigre existence financière, mais çà, ce simple (et honnête) constat pragmatique, c’est déjà bien trop demander aux raisonneurs d’État.

 

Il ne peut échapper à personne d’un tant soit peu spectateur qu’aujourd’hui la Politique de Santé n’est plus un « partenariat conventionnel » ni même l’art de savoir comment contenir le masseur-kinésithérapeute dans une enveloppe financière adulte et respectueuse des intérêts réciproques - celle de la survie de tous - mais de l’éradiquer de la planète soignante sans soulever barricades, bains de sang et émeutes de rue.

 

Nos syndicats imaginent encore - d’où leurs désillusions chroniques et les ratatouilles magistrales qu’ils prennent avec une remarquable constance de majorettes - qu’avec l’UNCAM nous parlons entre « gentlemen », alors qu’en vérité nous sommes confrontés à l’oppresseur le plus primitif qui soit, que seuls de vagues scrupules moraux, les réminiscences balbutiantes d’un vague État de droit dans les encéphales embués, lui interdisent encore de nous ratatiner comme lombric sous le crissement des chenilles de son char budgétaire.

 

Sinon, comment justifier qu’en 2009 la profession ait connue sa première « croissance négative » (le kinésithérapeute a dépensé moins d’argent - et donc prodigué moins de soins - en 2009 qu’en 2008) en dépit de l’arrivée massive sur le territoire de près de 2 000 nouveaux faméliques, primo-diplômés ou immigrants, venus ripailler à l’auge commune ?

 

Si cela n’est pas du mépris d’Etat, qu’est-ce donc ?…

 

Mais à se battre avec leurs aiguilles à tricoter contre les masses d’armes des hussards gouvernementaux, il ne faut pas s’étonner que nos dentellières syndicales finissent invariablement embrochées, comme dindons de la farce.

 

Le « généraliste » et sa crinière flamboyante flottant aux quatre vents, à Frédéric, lui font passer son chemin et raser les murs, la truffe basse. Sa survie et sa carrière à la CNAM en dépendent. « Sa » Politique de Santé repose sur eux, le stylo ordonnancier. D’ailleurs, une fois encore, une fois de plus, tremblant sous leur rugissement, il vient sans coup férir d’augmenter le tarif de leur consultation. Le « généraliste », caressé dans le bon sens du poil, intéressé, empressé comme il se doit de répondre aux « profils » prescripteurs, est le nouveau banquier-contrôleur de la sécurité sociale, le pivot sur lequel s’articule la disette programmée en soins, le moins bien vivre des patients. Frédéric le sait, et il sait flatter la croupe de ses bestiaux serviles.

 

Nous, ça fait onze ans que nous avons les sabots dans la même fange non revalorisatrice et le blaze dans la crème paupérisée. Ça laisse, évidemment, un brin entrevoir la conception de « justice sociale » en laquelle nous sommes entendus au plus niveau de l’État. 

 

Un hominidé capable d’avoir pour primo feuille de route celle de « liquider » 50% de son propre cheptel humain, mères, pères de famille, et donc enfants (cf. l’éditorial sur le génocide programmé par Frédéric de ses fonctionnaires de caisses) ne peut pas avoir pour autre objet qu’une calculette en pierre à la place du cœur.

 

Un polytechnicien, apôtre qui plus est du libéralisme débridé, pour s’occuper de cette chose si volatile, si subtile, si supérieure, qu’est la Santé et le bonheur de ses concitoyens - donc altruiste par essence - pensez donc ! Autant recommander à Attila la broderie et le point de croix pour ses longues soirées d’hiver entre deux carnages ! 

 

Or nous pensons que lier le budget de la Santé aux fluctuations des rentrées de l’impôt social, donc que d’amarrer le mieux-être et l’espérance de vie d’une population à la richesse du PNB d’un pays est le meilleur curseur pour jouer au yo-yo du progrès social.

 

Aussi novateur que puisse sembler cet axiome, les dépenses de la branche maladie ne doivent pas être ligotées aux « rentrées » sociales. Il ne doit pas être question de « pourcentage » du PNB, mais d’enveloppes financières clairement identifiées et reconduites chaque année à la hausse (pour raison de vieillissement de la population, d’accroissement du corpus soignant, et d’améliorations coûteuses des techniques médicales), sinon, comprenons-le bien, c’est ouvrir la porte à l’indicible, à l’horrifique, au fait que la santé de nos concitoyens, leur morbidité, la perte de leur confort de vie, servent en réalité à amortir les déficits du budget d’État et les errances bancaires des « surprimes ». 

 

Je suis de ceux qui pensent que l’honneur d’une Nation, la preuve de sa maturité, c’est de savoir privilégier Santé et Éducation avant dividendes courtiers.

 

Attention ! Nous ne sommes pas en train d’avancer l’hypothèse (qui serait inconsciente et économiquement suicidaire) qu’il faille accorder sur la Société un « chèque en blanc aux hommes en blancs », qu’ils se pensent échapper à tout contrôle, tout budget ou tout système de régulation, mais que le corps soignant, surtout pour les plus fragiles d’entres eux, ne peut pas servir de « caisse noire » et de bas de laine aux déficits d’État.

 

Et c’est bien cela qu’il nous arrive, kinésithérapeutes d’aujourd’hui (et à nos ayant droits patients), nous essuyons les « invendus » de l’impôt social.

 

Est-ce réellement l’objectif de la santé que d’amortir les vicissitudes de la Bourse ?

N’est-ce pas aux « produits financiers », aux actionnaires, d’assumer leur propre incurie ?

Ni a-t-il pas quelques Jaguars ou quelques Porches a accepter de ne pas voir rouler pour la meilleure survie de nos contemporains et non par désir d’économie médicale ?

 

Le bonheur, selon vous Frédéric, l’idée que vous vous faites de votre haute-mission, sont-ils que quelques-uns roulent en voitures de luxe ou que l’ensemble de la Nation, cette Nation qui vous a mandaté, vive mieux et plus longtemps ?

 

Question…

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :