Archives de "Le sal'air du temps"


Grosse fatigue

 

Elle-est-pas-belle-la-vie.jpg


Lorsque mon patient de la ville voisine, soit à vingt minutes de scooter de mon cabinet (4 euros), bronchitique (16.32 euros), pendu à son horloge et à ses « Feux de l’amour », m’annonça qu’au Portugal où il venait de passer ses vacances (six semaines, contre moi une seule, et en France) le kinésithérapeute, parfois deux, restaient avec lui 1 heure 30, et qu’il n’entendait pas pourquoi je ne « m’alignais » pas (sous-entendu sur la concurrence), j’ai à peine réprimé un spasme.

 

Lorsque mon paraplégique m’a demandé à la fin de sa séance, la pogne déjà sur mon casque de scooter, de lui faire un « p’tit massage », j’ai réprimé un deuxième spasme.

 

Lorsque sur ces entre-faits, non sans avoir expédié mon repas et être malgré tout arrivé quelque dix minutes à la bourre à mon cabinet (et pour cause) j’eu le droit à un sermon goûteux sur les vertus de la ponctualité proféré par une sorte de fossile vivant extatique, colonel de réserve à la retraite, je réprimais donc mon troisième spasme de la journée.

 

Lorsque que ma bourge de service, celle des quartiers Sud de la ville, m’expliqua que ma balnéo était trop chaude et que cela lui avait collé la migraine (la même que celle du soir avec son mari ?) et cela une heure à peine après que l’autre, ma CMU des quartiers Nord, qui a paumé sa carte vitale depuis belle-lurette, m’ait dit avoir choppé « la mort » dans mon « bain » tant il y faisait froid…

 

Lorsque France Telecom, devenu depuis peu champion du harcèlement téléphonique, m’a laissé sur ma messagerie, pour le plus grand bonheur de mes patients, son troisième diktat de la journée pour retard de paiement (il est vrai, un oubli de quinze jours en pleines vacances)…

 

Lorsque mon banquier, l’homme qui vous prête des parapluies lorsqu’il fait beau et vous les reprend dés qu’il pleut, m’a écrit pour savoir quand je pensais renflouer mon découvert…

 

Lorsque la CPAM m’a réclamé 380 euros d’indus (datant de 2007 !), que je n’ai plus aucun moyen d’authentifier vu que mon fournisseur de logiciel, soucieux de justifier son racket annuel, a pensé utile de bidouiller et triturer sa « dernière mise à jour » tant et si bien qu’elle est devenue parfaitement imbittable…

 

Lorsque à 20.30 heures je suis enfin monté dans ma voiture (en leasing) et que j’ai cassé mon I-Phone (pas très costaud ces petites bêtes) en essayant de retrouver ma paire de lunettes, la dernière, que j’ai finalement retrouvé élégamment cintrée sous mon fessier…

 

… je dois dire, les amis, que j’eus alors comme une sorte de vague à l’âme...

 

Heureusement, je gardais à l’esprit l’image gratifiante de ce nourrisson, petite boule gluante et hurlante en toute confiance entre mes mains, me perçant les tympans à la chignole de 12, jouant de l’aigu comme certains jouent du Rap, tentant à tous prix de tomber de la table histoire de voir si mon assurance pro. couvrirait, me balançant à la figure son doudou et régurgitant sur ma chemise blanche des glaires verdâtres. Instants privilégiés s’il en est dans nos journées, où nous faisons alors enfin un peu soudure entre nous-même et notre propre sérieux, et retrouvons foi en notre métier. Même si, chérubin probablement atteint de la Grippe A, je n’avais pas encore mes masques pour le soigner, vu qu’il faut aller les chercher à la préfecture (30 bornes), et que sa mère, sans doute affairée à d’autres préoccupations, n’a jamais songé depuis à me dédommager de mes services…

 

Fort heureusement, l’actualité est là pour vous donner un peu de baume au cœur.

L’UNCAM a passé en force les trois premiers référentiels. Bientôt toute la NGAP va y passer. Les calculs les plus optimistes envisage 30% de chute d’activité pour la profession...

 

Les syndicats signataires ont bien sûr donné de la voix, mais c’est l’histoire du petit chinois face aux tanks sur la place Tienanmen, à peine un cure-dent sous leurs chenilles…

 

Côté manouvriers, ça va être un carnage ! On va se la jouer massacre à la tronçonneuse ! De la boucherie ! De la surenchère permanente pour ne pas perdre ses parts de marché, ne pas faire partie de la charrette vers l’échafaud ou devoir monter à toute berzingue une pizzeria. La bave aux lèvres, ils vont tous se jeter sur mon bronchiteux à 90 minutes la séance…

 

Messieurs-dames du gouvernement, vous qui y teniez tant à votre séance de kinésithérapie « strictement individuelle » d’une heure trente payé au salaire de femme de ménage, et bien vous l’aurez !

 

Mais, pour une « Politique de Santé » scrupuleuse, clairvoyante, pérenne, humaine, pleine de « tact et mesure », respectueuse des acteurs de terrains et de leurs patients, prévoir un délai. Une fois de plus…

 

Gageons que faute de vocations hexagonales, il vous faudra rapidement faire appel aux kinésithérapeutes slovaques ou tchétchènes, comme vous le fîtes jadis pour les infirmières espagnoles ou les médecins roumains, dont, soit dit en passant, la plupart son retournés chez eux, vos conditions de travail et de salaire, même pour eux, restant inacceptables...

 

Essayez donc du côté de la Chine, c’est très « tendance ». Mais, un conseil, jetez aux oubliettes vos prétention de « norme NF »… 

 

L’heure des comptes

 

montre-omega.jpg

 

Le temps des rêves et de la trêve fut bien court avant que de retourner sous la bourca administrative.

 

Deux ans, il n’a s’agit que de deux ans (chercher le corollaire ?) pour que dix années de fol-espoir d’émancipation s’effondrent comme château de sable.

 

Aujourd’hui, face à un Tout-Etat toujours plus oppresseur et oppressant, au retour du Roy en sa cour de Versailles, la kinésithérapie n’est plus à espérer gagner ses « lettres de noblesses » mais bel et bien à écoper le radeau de la Méduse en pleine bourrasque.

 

En une décennie, bien des hommes ont travaillé (en vain) aux chemins de la liberté. Disparition des feux-quotas, révision de la DEP, refonte de la nomenclature (NGAP 2000)…

 

Dans l’effervescence pionnière ambiante - aujourd’hui relégués aux calendes grecques - certaines terres exotiques furent mêmes défrichées, comme la première intention thérapeutique, le LMD (licence - maîtrise - doctorat en kinésithérapie), ou la suppression définitive de la DEP contre notre « bilan-diagnostic ».

 

Bien sûr « on » ne songeait pas une seconde à revaloriser nos honoraires (aucune augmentation depuis 1998) mais au moins, et rien que cela était une sorte de respiration, « on » ne cherchait plus trop de poux dans la tête de nos maigres émoluments…

 

Aujourd’hui, nos conquérants sont collés aux piloris et réduis au rôle ingrat de pompiers de service de la maison « kinésithérapie ».

 

C’est la fin de l’embellie…

 

Nous ne savons rien de la manière dont l’UNCAM est capable de pervertir une convention. La seule chose que nous pouvons affirmer c’est que ses noirs desseins ne nous sont en aucun cas favorables, que la manipulation des débats est son quotidien, et que rien qui ne soit dûment signé avec elle (et même de ce qui l’est) ne peut surtout jamais être considéré comme acquis. Le respect de la « parole d’Etat », c’était à une autre époque…

 

À présent, toute action qui serait autre que celle, très basique, de « survie » est inutile. Ce serait perte d’énergie et offrande faite d’un flanc toujours plus fragilisé.

 

Il faut donc revenir en nos tranchées et pratiquer non plus l’offensive gaillarde de ballerines éthérées mais la résistance active. Du lourd. Du char russe.

 

Manifestations de rue (car, héla, c’est la seule rumeur d’affamés que Louis XVI entend de ses grilles).

 

Syndicalisation de masse (même si nos syndicats sont ce qu’ils sont, nous n’avons pas mieux en stock pour nous défendre).

 

Défense, coûte que coûte, de notre revalorisation en annexe à toutes nouvelles mesures coercitives sur la profession, harassée.

 

Il faut que les syndicats recouvrent le courage, celui de leurs pères, de savoir claquer la porte de négociations qui, de négociation, n’ont plus que le nom. Même au risque majeur de sortir de la convention et d’entraîner à nouveau la profession vers les turbulences d’Etat. Car, à bien y regarder, les dégâts collatéraux seraient-ils tellement plus critiques que ceux que nous supportons depuis deux ans ?

 

Que dirons-nous dans dix ans lorsque nous ne serons plus que des paramédicaux du fond de panier aux basques de la férule gouvernante ? Lorsque nos honoraires ne seront plus que pitance ? Lorsque 30 ou 40% de nos consœurs et confrères auront pointé à l’ANPE, rejoignant en cela leurs collègues de Belgique ?

Que nous ne savions pas ?

 

Pourtant, si, nous savions…

 

Nous sommes, et nous espérons que ce site le démontre, hommes de dialogue et de consensus,  mais, loin de vouloirs jouer les incendiaires inconscients, nous pensons que « le processus diplomatique a atteint ses limites ».


La tect’Ordretonique des plaques

 

Faille-1.jpg

 

Comme nous l’avions annoncé en d’autres temps d’autres lieux, l’Ordre sera bel et bien la ligne de fracture de nos syndicats.

 

A n’avoir pas su s’émanciper de « l’enfant prodigue », ni à se détacher de son omnipotence, il faut croire qu’il n’y a plus dans les ruelles désertées des centrales « représentatives » de pourfendeurs de la funeste politique de santé de l’UNCAM, de théoriciens du syndicalisme, ou de conquérants du progrès social, mais uniquement, comme un leitmotiv entêtant, d’hystériques « groupies » se pâmant comme vierges à hostie devant l’Ordre ou de honteux « anti-Ordre » rasant les murs. Les premiers prenant l’ascenseur oligarchique vers les paradis luxuriants, les seconds mordant la pomme et se débattant dans la glue veule des croche-pattes en tous genres (ceux des premiers, bien sûr)…

 

Voilà bien en quelle misère intellectuelle se résume notre présente vie conventionnelle : être « aux Ordres » ou ne pas l’être. Concepts progressistes, s’abstenir…

 

Qui autre que les kinésithérapeutes accepterait qu’un « Ordre », structure administrative communément de seconde zone relayée aux tâches ingrates de l’épistolaire et du recensement, phagocyte à ce point l’espace revendicatif et bousille de telle manière la représentativité et l’indépendance syndicale ?

 

Dans quel autre corps de métier un Ordre « parle » et « décide de tout » en lieu et place des centrales et de la vox populi dûment et démocratiquement élue (contrairement à l’Ordre) ?

 

Pourquoi accorder à cette structure de si peu d’importance une telle influente importance ?

 

C’est, de mémoire institutionnelle, du jamais vu, voir un bouleversement constitutionnel particulièrement novateur et spécifique. Un putsch liberticide des « généraux » en tous les cas, relevant à coup sûr, pour peu qu’un juriste talentueux sache le mettre en gerbe et lever les lièvres, de la Cour d’Etat et de la dissolution immédiate.

 

L’Ordre ne sera donc surtout pas (et pour un long temps encore) les « lettres de noblesse » d’une profession mature, le point d’orgue de notre émancipation, mais l’effondrement de nos défenses corporatives face aux déferlantes d’Etat et la perte de substance de nos valeurs protestataires.

 

Hier, secousses pré-sismiques annonciatrices de l’éclatement syndical et symptôme du malaise ambiant, la création d’Alizé, pur artéfact de l’Ordre. Solution alternative, pluralisme des pensées, mais étiolement tout de même d’un tissu corporatif déjà bien fragile.

 

Aujourd’hui, branlant depuis des mois sur la faille ordino-tellurique, c’est la chute fracassante de la head-office du SNMKR. Pour autant, visiblement peu scrupuleux d’apprendre des erreurs du passé, son nouveau président par intérim, plus que jamais, met la barre « à l’Ordre » et se range sous le navrant boisseau...

 

A quand la Fédé ? Déjà biens des fissures s’amoncèlent dans la structure, même si l'omerta ambiante en retarde artificiellement les effets.

 

Mais « on » n’ouvre toujours pas les yeux, en pensant que l’orage passera.

Scoop, il ne passera pas, et personne n’en retirera pour sa propre Chapel les marrons du feu.

Ce sera juste le chaos syndical généralisé…

 

Bien des volontés de bon-aloi se sont brisées et découragées face à cette vision funeste et particulièrement simiesque de l’hégémonie Ordinale, du carriérisme ego-individuel et de l’apocalypse syndicale. Et pourtant ce déclin des valeurs revendicatives n’en est qu’à son début…

 

Pourtant, petits poulbots du syndicalisme, vous n’avez vraiment rien à gagner à frayer avec les gosses de bonne-famille de la rue Réaumur. Vous, c’est Opinel et sauciflard autours des piquets de grève, eux, c’est bulles de champagne et bulles de verre, de préférence Sécurit comme au GICARE, et séance de nage indienne en eaux troubles dans leur aquarium lyophilisé…

 

B’OrdroChanel, nous n’avons pas les mêmes valeurs…


Au pas de l’oie  Au-pas-de-l-oie.jpg

 

C’est la rentrée.

 

Les premiers frimas se posent sur les campagnes et cristallisent en instants suspendus la rosée matinale et les larmes du monde. Fée Viviane se couvre de son manteau de zébu dans la forêt de Pimpon. Le GICARE et ses lumières scintillantes viennent de fermer leurs portes, encore pleins de bidules mirobolants, d’invendus et d’affriolantes hôtesses (one point for l’équarrisseur de cellulite !) qui auraient pourtant fait mieux, bien mieux, dans nos sinistres échoppes. Mais on est reparti avec sa fango et son petit sac d’électrodes. Une brouette de doc. en prime. L’année prochaine, peut-être ? Sûrement. Mais on ne s’était pas déjà dit çà l’année dernière ?…

 

L’heure est à « l’interactif ». De gros écrans LCD où le patient se voit glander en trois dimensions aux ordres d’un D2R2 visiblement sous amphètes. Bien pratique « l’interactif » pour aller fumer son clope ou discuter le bout de gras avec la mignonne à l’entorse de cheville. Et ça en jette des diodes plein les mirettes! Le D.E. (avec tact et mesure) ils le signent sans moufter !

 

La main de ma sœur, assurément, n’a plus cours que chez les beaufs…

 

Mais nous, revenus en nos provinces, « actifs » on a plutôt intérêt à l’être si on veut boucler la romaine cette année. C’est l’automne, les feuilles tombent comme hosties à confesse. CARPIMKO, tiers prévisionnel, taxe foncière, taxe d’habitation, taxe professionnelle, c’est la grande valse des mendigotes de tous poils et des chancres mous du prosélytisme fiduciaire.

 

C’est le trimestre de tous les dangers, celui du triste retour au réalisme. Pas simple après la Côte D’azur…

 

Fondu au soleil glacé d'arrière-saison, le petit pécule si chichement amoncelé ! Dire qu’on croyait avoir de l’avance de trésorerie et qu’on se voyait déjà à Marrakech en famille pour fêter le Nouvel An…

 

On recommence à « gratter » son pare-brise pour aller gratter, à beugler comme putois sous la douche glacée, à ramasser quelques châtaignes bucoliques (et pas nécessaire d’être syndicaliste pour çà). Les salons de jardin se remisent, ainsi que les longues soirées diaphanes où l’on loukoumisait amoureusement aux douceurs vespérales. Il fait nuit d’encre et un crachin détestable lorsque l’on quitte sa manu-facture.

 

De factures, tiens, parlons-en! Ils sont tous devenus fous ou quoi ? Où ils nous pensent droit sortis de la cuisse à Couratier ? Une électrovanne de balnéo chez « tartempion » ou Something comme çà, c’est 91.30 euros hors taxe. Je trouve la même chez Le Prince L’enchanteur à 30 ! Pour des esturgeons à peler on ne nous prendraient pas ?…

 

Et que dire de notre « assistance informatique » et de ses dernières « mises à jour » à la mord-moi le gousset ? On change trois virgules, deux inter-faces graphiques pour justifier du racket annuel, sans oublier les petits bugs qui vont bien et vous rendent accros de la "hot-ligne" sonnante et trébuchant, et hop! l’affaire est dans le sac à malice ! VE les GArs, sans Epsiloguer, pour plus que vache à lait on ne nous tiendraient pas ? 

 

Question…

 

Déjà l’on pianote nonchalamment sur son logiciel de compta et l’on jette un regard distrait sur ses premiers bilans, pas encore définitifs certes, mais déjà bien significatifs. Fichtre diantre ! C’est pire que ce qu’on pressentait ! C’est l’hécatombe ! L’hallali ! Le chiffre d’affaire en berne. La clientèle en quenouille. Ca rigole plus bien fort au royaume de la kiné. Pourvu que le quatrième trimestre soit un peu meilleur, histoire de rattraper le coup et le crédit du camping-car…

 

Pour Noël les enfants, finalement, on va peut-être rester à la maison. Les cocotiers, c’est as been.

 

Durant ce temps, bien loin de nos petites considérations mécréantes et manouvrières, nos nonces syndicaux signent à tout-va nos actes de décès. Référentiels, fin de la libre-installation, amen à l’ASV… Faut pas y voir à mal, dur-dur d’être un élu du peuple. Faut à la fois plaire au Bon Dieu, à ses Saints, et à tout le Saint-Frusquin. C’est un boulot pour acrobates de haute-volée…

 

Bien sûr, de temps à autres, une voie de vierge effarouchée s’élève de la fosse aux lions, bien vite dévorée par le « real-syndicalisme » du charnier carnassier…

 

Dés fois je me dis que si on ne signait plus rien ni ne cotisait plus à rien - bouderie générale ! - qu’on n’avait plus d’Ordre ou de centrales « représentatives », qu’on faisait la grève des tisaneries de l’UNCAM et des rencontres « con-ventionnelles » où l’on nous y prend plus souvent qu’à notre tour, il faudrait avoir un œil de lynx pour apercevoir une différence. A peine un poil de grenouille…

 

Mais bon, c’est l’automne. Et moi, l’automne, çà ne me rend pas rose, la banlieue c’est morose.

 

La misère est moins lourde à porter au soleil.

Ca doit être çà sans doute…

 

FFMKR

La résurrection ?  

surfer.jpg

 

Nous ne sommes pas les derniers - cela n’est plus à démontrer - à savoir copieusement avoiner les fourrages pour séparer l’ivraie du bon grain. Et cela en notre naturelle générosité de faucardeur de fenaisons au geste ample, sans le moindre esprit partisan ou clanique. Pour autant, nous savons apprécier à sa juste valeur une action syndicale intelligente et pragmatique lorsque nous la rencontrons sur notre chemin.

 

A ce titre, c’est avec un réel plaisir que nous avons parcouru le compte-rendu du 46ème congrès de la FFMKR, tenu à Angers fin octobre. Congrès que, sans hésitation, nous qualifierons « d’historique ». Historique tant par la clairvoyance des sujets qui y furent débattus, que par leur bon-entendement. L’hypocrisie bon-enfant, les valses-hésitation, les pince-doigts rince-nez, les lourdeurs pesantes et castratrices de l’Ordre, semblent enfin être reléguée aux calendes grecs…

 

Mais surtout « historique » du fait notable que - pour la première fois depuis fort longtemps - un vent protestataire s’est enfin levé sur la fédé et qu’elle a, semble-t-il, retrouvé sa capacité - remisée de long-feu aux oubliettes - à dire « non ! ».

 

Les gouvernements passent et trépassent, infiniment cendres d’inconséquence. Le libéral demeure, tel qu’en lui-même depuis 1946, heure du trépas de « l’infirmière masseuse » et avènement du masseur-kinésithérapeute.

 

Nous avons traversé ces dernières décennies - les deux dernières années en particulier - une telle volonté d’Etat à vouloir nous éteindre, nous rabougrir, nous asphyxier, qu’il faut positionner nos vertus édificatrices au-delà des contingences et des éphémères et si changeants agités du bocal qui nous servent de « dirigeants » occasionnels.

 

Un homme, tout chef d’Etat qu’il soit, peut peu contre la volonté de 65 000 autres à subsister.

 

C’est avec autant de plaisir que nous avons entendu monsieur Alain Bergeau, président en fonction, clamer haut et fort l’attachement de sa centrale aux valeurs incompressibles du libéralisme.

 

A celles de la libre-installation du praticien sur le territoire français. Au refus catégorique d’une pression uniquement coercitive de la part de l’UNCAM au profit, bien plus perspicace, de mesures incitatives et d’aides financières au développement des zones sinistrées en kinésithérapeutes. Car le risque - très réel - et Angers semble l’avoir entendu, c’est que derrière ce projet de contrôle des flux migratoires se cache une fois encore - une fois de plus ! - une volonté de politique comptable de la Santé de la part de l’UNCAM.

 

A l’importance - devenu à présent urgentissime ! - de la mise en place du LMD (licence-maîtrise-doctorat) dans le cursus de nos études, car seule porte de sortie rationnelle vers l’évolution de nos qualifications, de notre indépendance et notre revalorisation.

 

Au souci de ne pas perdre lien avec l’ostéopathie, car - ne l’oublions pas ! - importée dans l’hexagone puis développée par les seuls kinésithérapeutes - qui, seuls, auront essuyé les premiers plâtres, les premières chasses aux sorcières et leurs autodafés purificateurs - avant que d’autres pique-assiette (ni-ni, médecins) marins d’eau douce en père-pénards, viennent se greffer sur le système après la bataille et tirer la couverture sonnante et trébuchante à soi…

 

A la nécessité - devenue impérieuse ! - de la réévaluation financière d’une profession en berne depuis plus de onze années. Au refus de toute nouvelle négociation, de tout nouveau chantier conventionnel avec l’UNCAM, qui ne saurait avoir pour corollaire immédiat cet objectif et cette priorité.

 

A la volonté prégnante d’abolir une fois pour toutes cette scorie faite à la face de notre respectabilité, de notre compétence et de notre intégrité, qu’est la demande d’entente préalable. Car, évidemment, comment comprendre autrement la persistance de cet outil de contrôle archaïque qu’est la DEP si ce n’est à considérer que, pour l’UNCAM, le médecin-prescripteur et le kinésithérapeute sont des incompétents ou - pire ! - des malhonnêtes patentés ?…

 

Nous saluerons également le sursaut - certes un peu tardif (n’est pas Poulidor qui veut) mais sursaut tout de même - d’UNION (SNMKR/OK) qui, emboîtant le pas à la fédé (je marche dans les pas de mon père) semble devoir se positionner avec une presque égale fermeté, face à un UNCAM toujours aussi autocratique, rigolard, et à ses perfides « négociations » de roublard d’Etat.

 

A ce titre, mesdames et messieurs - une fois n’est pas coutume et je me réjouis d’avoir enfin l’occasion de le faire - je vous tire respectueusement mon chapeau !

 

Faisons simplement en sorte que - pour une fois - les mots ne restent pas lettres mortes, et que l’action rejoigne enfin la pensée.

 

Si je puis me permettre un conseil : il ne faut en aucun cas craindre ni hésiter à brandir la menace du « sortir » de la con-vention. Entre l’UNCAM et nous, nous ne sommes pas - nous autres kinésithérapeutes - ceux qui ont le plus à y perdre - loin s’en faut…

 

Vous me donnez enfin l’envie, les petits - et je ne pense pas être le seul - de me syndiquer !

 

Entre Alizé et ses coups salutaires d’Ordino-butoir, son combat crucial pour le LMD, la fédé qui retrouve enfin ses ailes contestataires, le SNMKR qui implose de l’intérieur pour mieux se remodeler ; après 15 années d’encéphalogramme plat, la vie syndicale redevient enfin un peu bandante !

 

Bon, et je vous en remercie, ce n’est pas encore ce soir que j’arrêterai mon petit blog de vaurien…

 

 

Au-delà de cette limite 

votre ticket n’est plus valable…

 

ht07.jpg

 

C’est toujours d’un œil curieux que j’assiste, sur les différents sites ou forums folkloriques de la profession, aux sempiternels chicanes entre tenants de la real-kinésithérapie et celui du cœur des vierges, celles qui - en d’autres temps d’autres lieux - je baptisais de petites lavandières qui lavent plus blanc que blanc.

 

Les premiers, le plus humblement du monde, avouent presque honteusement, dans un "coming out" méritoire, mais le front tout de même bas et l’éthique en berne, qu’ils ne parviennent plus à couvrir leurs charges ni à extraire un honnête salaire de leurs interminables journées de zèle sans moyenner une légère entorse à la NGAP, une petite compression de leur clientèle, quelques dépassement d’honoraires devenus chroniques, et la femme de ménage foutue à la lourde, donc le cabinet un peu limite question hygiène.

 

L’eau de la balnéo, pour sûr, ils ne s’y plongeraient pas…

 

Les seconds, trottant gaiement sur les eaux du Jourdain, exultant, pointant du nez hautain l’indigent déontologique, nous expliquent subséquemment que, même à quinze euros nets de l’heure, il faut - et cela est de notre devoir jupitérien de paramédicaux - de gagner à la sueur de son front notre petit lopin de Paradis. Car, axiome convenue s’il en est, on est là pour en baver. Et, plus on en bave des ronds de chapeaux, meilleur est sa place au couvre-chef des martyres d’inCONséquence…

 

Ce qui leurs importe en finalité, à ces petites Mère Denis, çà n’est pas la juste reconnaissance de leurs mérites, ni l’émancipation d’une profession (car, après tout, un métier payé au tarif de dame pipi, tant que c’est celle du Vatican, est forcément un noble métier) ni même d’assurer le gîte et le couvert à leur famille, ou encore le respect de leurs patients, car ils n’ont aucune approche sémantique ni ne comprennent que, derrière l’argent, la revalorisation des nos actes (et donc de nos moyens), il y a forcément le respect - le respect du patient, et donc de soi.

 

C’est la pitié dangereuse, celle qui envoie au front les gaillards joyeux au son des tambours…

 

Brel avait un mot pour eux, ces gens qui sont « tellement nos frères », mais, curieusement, je ne m’en souviens plus…

 

Il ne faut pas chercher à mettre leur raisonnement en équation, c’est un truc de fétichistes ; ils cavalent après le Petit-Jésus. Ils ont un passif pas clair à se faire pardonner sur cette terre, une pomme d'Adam en travers de la gorge, et ils nous la font payer au prix fort. En d’autres occasions, ils collectionneraient les chaussures ou les dessous féminins...

 

Or, la morale, ça n’est pas « qu’une » question d’argent, même s’il y participe grandement.

Et l’argent ne fait pas la morale, même s’il y concourt largement.

 

Que ce soit à 30 euros de l’acte ou à 10, il y aura toujours des forbans de haut-vole qui compacteront la clientèle, feront n’importe quoi, et des bergeronnettes qui suspendront leurs gousses d'ail à la porte et allumeront des bâtonnets d’encens.

 

Or, ca n’est par parce que l’on est mendigote et qu’on se ballade culotte trouée qu’on est forcément plus vertueux. Ni l’inverse en vérité. Loin des idéaux extrèmes, l'argent est juste un curseur à faire basculer les vocations limites, ou, en d’autres termes, à cesser d’être pris pour des cons. Et, en ce domaine, chacun à son propre baromètre...

 
A contrario, il est plus facile de comprendre que l’on chaparde un poulet (ou un AMK) lorsqu’on est va nus pieds que prélat rotant et digérant son micelle du dimanche…

 

Pour autant, pour la majorité d’entre-nous qui n’appartenons de fait ni aux brigands ni au cœur des pleureuses, qui vivons en toute simplicité notre métier, loin des finesses et des errances charismatiques, la problématique semble plutôt primitive : on soigne mieux, on se forme mieux, on investit mieux, et il est plus aisé de ne pas devoir faire entorse au quotidien à sa probité, de travailler en toute sérénité, de respecter son patient, à 30 euros de l’heure plutôt qu’à 15.

 


Pour ceux qui en disconviendraient, on embauche dur dans les lamaseries tibétaines...

  

Père Noël

Un léger coup de fatigue…

 

insolite-023 

 

Voici revenir les fêtes que, d’aucun, secrètement espère.

 

Celles de la magie annuellement renouvelée. Le grand-écart entre ce qui est et ce qui fut, stigmatisant l’absence au quotidien d’une enfance à jamais révolue, et qui nous revient à la tronche comme boomerang douloureux. Ce à quoi pourrait ressembler notre ordinaire si nous n’avions pas perdu « en route » notre capacité à nous émerveiller et à faire de chaque jour un banquet joyeux.

 

Nous ne sommes plus des gamins et, pourtant, pour nos enfants, mais aussi (et peut-être surtout ?) pour nous, et en respect de racines familiales profondément enfouies dans notre sub-conscient nostalgique d’adultes, nous poursuivons la tradition. Seul moment de l’année où l’on s’autorise un instant - encore un instant - à lâcher notre petit costard trois-pièces de « grande-personne » pour devenir des consommateurs pithiatiques de futilités fugaces. On court les magasins, tout président de l’Ordre ou d’un syndicat « représentatif » que l’on soit, pour un ustensile frivole, un poil de grenouille, comme si notre cota d’oxygène en dépendait.

 

Quoi faire pour faire plaisir à ce vioc dont, au demeurant, on ne passe pas un coup de bigophone de l’année, même après son hospitalisation ?

 

Nous redevenons enfants, heureux et jubilatoires comme des bambins. Comme - rappelez-vous - avant que toute cette lourdeur crasse que l’on nomme la « responsabilisation » et le « poids de la conscience mature » nous tombent sur le rade et nous coupe à jamais des billes du préau, et les roupettes à notre innocence imaginaire.

 

Noël, nous l’attendons, même (et surtout) avec l’air de ne pas y toucher, dès le mois d’août et le retour du bronzage estival. Prochain rendez-vous à peu près identifiable sur notre calendrier avec le bonheur et l’insouciance.

 

Nous le préparons dès octobre.

 

Nous le prolongeons dans les esprits, vaille que vaille, à grands coups de crèche ou de sapin perdant ses épines, jusqu’en février.

 

On s’accroche comme l’on peut aux derniers fragments de poésie enfantine…

 

La neige.

Tombera-t-elle ?

Ne tombera-t-elle pas ?

Ce serait si beau sur le jardin et avec ces putains de guirlandes Ikéa vendues au prix de l’once d’or et ses queues interminables aux caisses.

 

Nous regarderons, l’œil embué, nos postérités insouciantes ouvrir les cadeaux en riant.

Nous lèverons le verre de l’amour avec nos pères, nos mères, nos proches, avant que la nuit glacée ne nous les arrache et ne les emporte loin de nous, puis être, statistiquement, la prochaine cible numérotée sur la liste.

 

Nous aimons à croire que la vie, un instant, un instant seulement, suspend son vol délétère.

Que l’existence est celle des contes de fées.

Que rien n’est véridique de cette réalité putride et fatale.

Que le monde des « adultes » n’est qu’une farce et attrape.

Qu’on va se réveiller en un univers sans douleur et sans peine, où les Bambis gambadent entre les roses fraîches.

 

Or et pourtant, Noël, c’est aussi celui des gueux, des traîne-misère, des sans-abri, qui mourront de froid dès décembre, tant ils sont empressés d’en finir avec la vaste plaisanterie, venant un peu altérer notre optimisme aux infos du 13 heure - salauds de rabat-joie ! Mais à peine, si à peine, un vrombissement d’acariens aphones…

 

C’est aussi celui de ces femmes et de ces hommes qui ont perdu un proche, l’être ou les êtres aimés, ceux pour qui, à jamais, la fête ne sera jamais plus la fête, mais un crève-cœur, une nausée indéfinissables. Le palpitant à jamais en hiver, comme un singe sur son banc de quai de gare. Voyageurs lourdés d’un express vers nulle-part. Ceux à qui les lumières du bonheur, ce bonheur présumé et obligé, mieux qu’un projecteur de la douane maritime à la recherche de Marie-Jeanne, éclaire et perfuse de mille dards le cœur ombragé. Noël, la joie et l’enchantement enfuis, comme une piqûre de rappel…

 

Noël, celui du service des urgences qui ne désemplira pas. Du petit bobo des filles-mères, de la petite vieille aux chats, aux crises d’éthylisme des paumés vociférant et titubant sur la voie-publique, les laissés-pour-compte des agapes, les chiens sans collier et sans pedigrees, abandonnés le long des autoroutes des vacances…

 

Noël, le record mensuel des suicides. La Grande Faucheuse fait son beurre sur les heures de liesse populaire. Un bon train vaut mieux que deux tu ne l’auras pas…

 

A tous ceux-là, moi qui est la chance d’être encore parmi les gens heureux, les jusqu’à présent presque épargnés de la vie, ceux qui attendent avec impatience cette nuitée féerique, je dédie ces quelques mots, ma tendresse et mes pensées.

 

Je dédie ma peine, aussi. Par procuration, et par anticipation.

Révérence gardée.

 

Je voudrais vous dire à tous, mes presque sœurs et frères, puisque de la même ethnie corporative qui, pourtant, se déchirent inutilement à longueur de posts sur les sites divers et variés ; profitez, par chaque pore de votre fragile derme, du bonheur. Engrangez les émotions. Absorbez la vie, goulûment, sans retenue, tant qu’il y en a. Car elle vous est comptée, assurément.

 

Il est dur et douloureux d’exister. Trop de tristesse pour si peu de bonheur. Le commerce de la vie est peu « équitable ». La condition humaine est avant tout une condition souffrante. Et c’est justement parce que cela est dur et douloureux, que l’on peut être fier lorsque l’on y parvient, à être juste humain, sans s’y perdre en chemin.

 

Savoir s’aguerrir sans se durcir, et savoir conserver sa capacité d’émerveillement et de fragilité, malgré les fatalités humainement insurmontables, les revers, les coups-bas et tous ces cons qui avilissent « l’idée du Monde » de leur conscience de pourceaux.

Voilà bien tout le challenge.

 

Les Chinois disent qu’il faut avoir chuté et s’être relevé sept fois pour savoir marcher…

 

Etre « humain » veut dire que l’on a conscience qu’entre l’infiniment Petit et l’immensément Grand, nous devons juste trouver notre place, avec pudeur, grandeur et humilité. Ni plus, ni moins. Mais c’est dans ce « ni plus ni moins » que se blottissent toute la poésie et la beauté de l’existence et toute notre grandeur d’âme.

 

Et à vous, Ordre et syndicats, que j’avoine copieusement à longueur de colonnes mais qui avez au moins le mérite d’exister, de vous battre pour un idéal, même s’il est parfois bien autre que le mien, je vous offre la trêve des confiseurs. Nous reprendrons le fil de nos légers différents, version non-édulcorée soyez-en assurés, sous les hospices d’une Année Nouvelle.

 

Joyeux Noël à vous tous, mes sœurs et mes frères d’arme et de larmes.


SUPER-UNION
Un syndicat aux Ordres ?

 

superdupont-we-need-you
 

Dans le dernier Kiné.Presse de décembre 2009, l’organe officiel d’UNION, et surtout du SNMKR en concombre masqué, pas moins de 6 pages sur 35 sont consacrées directement ou indirectement à la promo du Sieur Couratier et à sa cours des card’ordinaux versaillais.

 

Ordre par-ci, Ordre par-là, de vrais petits enfants de cœur…

 

Nous savons, bien évidemment, que Renié, président actuel de l’Ordre, est un pur produit des pépinières SNMKR et qu’il roule pour elles. Pour autant l'Ordre ne possède-t-il pas ses propres filières médiatiques qu'il soit indispensable de lui préter main-forte ? Est-il absolument nécessaire de réduire ainsi un syndicat au passé pourtant glorieux et d’intérêt supposé collectif au rôle d'hygiaphone aux "Ordres" et se compromettre à la promotion d’un simple individu et à son concept ?

 

Syndicalisme et Ordre ne font pas bon ménage. C'est l'UNION du feu et des grosses-huiles. L'un invente l'avenir, l'autre l'enterine. L'Ordre a toujours été la pierre d'achoppement du SNMKR et la limite de son émancipation. S'étonner ensuite de n'être toujours que le Poulidor de service?...

Erreur de stratégie, dernière banane flambée du pithécanthrope, bras d’honneur du marsupilami ?

Le mieux est l’ennemi du bien.

 

Tristan, tu nous manques vraiment. Revient vite aux "affaires" et reprends ton petit bâton de Maréchal ! Sans toi (déjà qu’avec) ils font vraiment n’importe quoi…


Le dégoût

Fotolia 4304749 XS
Nous lisions il y a peu de temps sur un forum professionnel la révolte d’un parent qui ne trouvait pas « preneur » chez les kinésithérapeutes en soin à domicile pour son enfant atteint de difficultés respiratoires aiguës. Il avait, semble-t-il, épuisé toutes les pages jaunes du secteur, et se retrouvait le bec dans l’eau. Sans voiture, par temps de neige, premier cabinet à 6 kilomètres. Son désespoir était total, et il nous en faisait part de manière poignante.

 

Nous comprenons sans difficulté une telle détresse. Se retrouver du jour au lendemain avec sa douce progéniture bavant tel l’exorciste des glaires fluorescentes sur la moquette du salon, poussant des râles de chat castré, et que la planète entière des blouses-blanches semble s’en taper la coquillette, il y a de quoi paniquer et s’en écœurer. Rien ne nous touche plus que ce qui touche à nos enfants (à part leurs bagnoles, pour certains demeurés).

 

Nous, nous sommes des praticiens aguerris, usés à ce genre de micro-drames, pour autant il ne faut pas perdre de vue combien cette situation est anxiogène pour un parent béotien. Combien elle peut blesser et créer un sentiment d’injustice. C’est la « médecine froide » à laquelle, tout un chacun dans sa souffrance élémentaire, a été confronté un jour ou l’autre, et que nous détestons.

 

Pour autant, au-delà de notre compassion fort-naturelle, rendre les kinésithérapeutes responsables de cette situation (puisque tel semblait-être le propos du parent) est une erreur de jugement. Ce parent, et surtout son enfant, sont victimes de l’inconséquence d’Etat et de sa Politique de Santé. Mais ils ne le savent pas car, forcément, nous sommes en tête de gondole…

 

Voilà pourquoi depuis fort longtemps - surtout en une période où l’UNCAM fait la promotion de l’hospitalisation à domicile (non-pas pour raison humanitaire cela va sans dire, mais de moindre coût), hospitalisation où le kinésithérapeute libéral joue de toute évidence un rôle important - nous expliquons qu’à force de mépriser la revalorisation de l’acte à domicile les kinésithérapeutes ne se déplaceront plus.

 

Donc, acte, ils ne se déplacent plus.

Il fallait être très stupide pour ne pas anticiper le phénomène…

 

L’acte à domicile, la plus part du temps, est inconfortable. Loin de notre écurie, les conditions de travail sont mauvaises, les fauteuils forcément trop bas pour nos lombaires, les serviettes pour se laver les mains, douteuses, les exigences du malade identiques voir pires (l’ennemi est sur son territoire!), et l’on perd beaucoup de temps en d’inutiles préambules. Sans parler de l’inévitable toubib ou infirmier sempiternellement dans nos pattes, des « feux de l’amour » dont il faut voir la fin, ou du dessert dont il faut supporter l’engloutissement tel Joe-la-tortue sans partir en combustion spontanée. A 4 euros le déplacement, nous ne rentrons pas même dans nos frais kilométriques. De plus, si l’on respecte la NGAP (et nous sommes tenus de le faire) l’on doit consacrer strictement le même temps individuel (plus le déplacement) au patient à domicile qu’au cabinet, sans pour autant pouvoir bénéficier du temps-caché en « chevauchement » de soins inscrit dans la nomenclature et donc dans nos droits. Le domicile, c’est de « l’individuel » pur et dur, payé roupies de sansonnet. Perte sèche…

 

Poursuivre de se déplacer à domicile, c’est accepter d’être pris par l’Etat pour des cons, ou avoir faim et courir après son chiffre d’affaires…

 

L’Etat, via l’UNCAM, en refusant de prendre en considération la réalité de la situation et ses difficultés, ni de la revaloriser, a crée de toutes-pièces cette carence dramatique, ces drames et désespérances humaines, du soin à domicile. La responsabilité n’incombe à personne d’autre. L’UNCAM se fout ouvertement de nous. Le kinésithérapeute n’a pas à se « responsabiliser » de cette situation, ni à baisser le front en lieu et place de la Politique de Santé. Il n’y a pas marqué « la poste » ni « corvéables à merci » sur nos fronts.

 

Même les apôtres ont leurs limites…

 

Lorsque pour un médecin (payant l’essence au même prix) le kilométrage passé dans sa voiture pour aller au domicile de ses patients est bientôt payé dix fois plus que le nôtre.

 

Lorsqu’un ex-président méprisable et quelconque de l’UNCAM, pour justifier d’une telle différence de défraiement des frais kilométriques entre médecins et kinésithérapeutes fut capable d’avancer, sans pouffer de rire ni de honte, l’argumentation qu’un toubib au volant de sa voiture produit un « acte intellectuel » contrairement au notre considéré comme « manuel ».

 

Il ne faut pas s’étonner de la résultante.

Les « manuels » vous saluent bien, Frédéric…

 

Cher monsieur Van de Requiem, président actuel de l’UNCAM, on ne peut pas gagner sur tous les tableaux. Vouloir vaille que vaille faire son petit-beurre sur le dos de la kinésithérapie est parfaitement incompatible avec le maintien d’une para-médecine de qualité. De vos décisions financières - puisqu’elles ne sont jamais motivées que par cela - des tragédies humaines naissent chaque jour, des nouveau-nés suffoquent dans leurs glaires, des petites vieilles restent figées comme statues de sel dans leur fauteuil, en route directe vers le crématorium. En avez-vous seulement conscience, au soir, lorsque vous vous couchez l’âme en paix dans vos petits draps roses ?

 

Et vous, question bronchiolite, vos enfants, çà va bien ?…


Qui sera khalife à la place du Khalife ?

 

concombre masque3 

Incontestablement l’Ordre, avec son petit pensum « Répondre aux besoins de santé et garantir la qualité des soins par une formation et un exercice rénovés » déposé sur le bureau sinistériel de Madame Rose, vient de voler la vedette (et dans les plumes) aux syndicats signataires.

 

En chassant très loin de ses palais pontificaux, la petite armada déontologique a envahit - sans la moindre résistance - les terres revendicatrices.

 

Il faut dire qu’envahir était tentant. Les prélats syndicaux, hypnotisés par l’ascenseur social ordinal, ont depuis fort longtemps fait allégeance et perdu toute capacité de révolte ou esprit de résistance.

 

Mais l’Ordre, sans doute trop en « terrain conquis », a poussé cette fois-ci le bouchon un poil trop loin. En affichant sans vergogne son leadership et sa main-mise sur les centrales signataires, en se positionnant en maître incontesté du syndicalisme de la profession, il a mouché plus d’une sensibilité au passage…

 

Inévitablement, réponse du Bergeau à la bergère, une insurrection farouche à l’Ordreccupant risque bien de voir le jour, et la fragile trinité Ordre/FFMKR/UNION de voler en éclat dans un bain de sang.

 

Plus que jamais le trône éjectable du bon Roy Renié est désirable et désiré.

 

Reste donc à savoir qui sera le prochain khalife à la place du Khalife, ce qui promet un pugilat retentissant, chaque patron de groupuscule visant désespérément à y placer ses pions.

 

Même UNION, le syndicat le plus vassalisé à l’Ordre, n’est pas sans commencer à entrevoir qu’il protège en son sein une vipère, dont la morsure lui sera tôt ou tard fatale.

 

Quoi qu’il advienne, la question qui se posera au prochain Khalife est de taille, et de sa capacité à y répondre avec perspicacité dépendront la stabilité et la vigueur revendicatrice de toute une profession. L’Ordre, « super-syndicat », usurpera-t-il définitivement le terroir des centrales, ou retournera-t-il enfin à sa mission première, celle, certes noble mais très circonscrite par les textes, du recensement des diplômes et du bon respect de la déontologie ?

Bref, ce qui ne devrait-être, si logique était respectée et si l’Ordre savait ego garder, qu’un tout petit Landerneau du paysage de la kinésithérapie…

 

Car - et j’attire là-dessus l’attention de Monsieur René Couratier, son actuel président - le risque majeur d’un « Ordre-syndical » tel que nous le vivons ces dernières années, c’est de vider jusqu’à la dernière goutte les centrales historiques de leur substance revendicative au profit d’une méga-structure, totalement décentrée de sa mission première, et qui ne pourra pas durablement « tenir » une posture aussi hybride face à l’Etat.

 

Tôt ou tard, à la moindre erreur ou attitude vécue par trop impertinente à son égard, le gouvernement rappellera l’Ordre à ses missions premières et le sifflera hors du terrain de jeu syndical. Que se passera-t-il alors si les centrales ont été préalablement totalement asséchées de leur sang protestataire ?

 

Une profession sans défense, livrée pieds et poings liés aux hussards d’Etat…

 


Le rire est le propre de l'Homme
Puisque vous le dites...


humour-noir-nourriture 



 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :