Le temps des carnassiers

Publié le par Pollux-de-Castor


Le temps des carnassiers
 
camleon 

 Nous sommes des êtres éminemment sociables. Plus, çà en deviendrait presque indécent.

 

Nous n’étripons plus ni ne répandons la barbaque, bave aux lèvres et plastrons sanglants, à la hache sur les champs de bataille, nous y préférons le stylo signataire, Mont Blanc de préférence. L’index, quitte à se le prendre (b)analement, est manucuré.

 

L’arène, les combats de gladiateurs, le mano à mano, les pognes dans la tripaille, n’ont plus cours, civisme oblige. Aujourd’hui, un décret d’énarque famélique vitrifie en quelques lignes bien plus d’êtres qu’aucune légion de Huns ne saurait le faire en un siècle.

 
Des centaines de milliers d’enfants meurent chaque année en Afrique, cuisses de moineaux faméliques, bide de buveur de bière teutons, non plus des guerres tribales, mais de l’indice CAC 40 et des spéculateurs sur l’orge et sur le blé. C’est le retour de la fourrure. À Manhattan, l’on se paie ses Ferrari en peau de Mauritaniens.

 

A Bercy, c’est en poil de kinés. 


Étrangler une famille de kinésithérapeute à main nue, c’est toujours embarrassant et assez difficile à expliquer autour du gigot dominical à Marie-Chantal et aux trois gosses au retour de la messe. Mais en anéantir quelques milliers d’un arrêté, cela n’empêche personne de se coucher au soir dans ses petits draps (de Madame) roses…

 

L’objectif du gouvernement via l’UNCAM (Union Nationale des Caisses d’Assurance Maladie) et de son président « Rocky », Frédéric Van de Roekeghem, est clairement identifié : équarrir jusqu’à la moelle et sans État d’âme la profession de masseur-kinésithérapeute.

 

Car cette profession peu réactive, peu fédérée, d’une opposition négligeable et si mal protégée par des syndicats presque inaudibles, est considérée comme une source potentielle d’économie particulièrement aisée à mettre sous le boisseau.

 

Au sein des budgets généraux de la Santé, nous bénéficions d’une place unique et peu recommandable, celle d’une activité humaine considérée comme de « confort », donc secondaire, dont l’avenir, quitte à nous être fatal, importe peu.

 

Ce qui illustre bien ce mépris d’État à notre égard - tel le Géant Vert Cassegrain écrasant les fourmis non biologiques - c’est que nous pesons pinuts sur les dépenses médicales (plus ou moins 3%) et qu’il peut sembler assez dérisoire (rien que par l’idée en soi) de mettre sur la paille 65 000 professionnels et leurs familles - et quoi dire des patients ? - avec les drames humains, mais aussi économiques que cela représente, pour ne finalement presque rien empocher qu’une goutte d’euros dérisoires dans le grand bain du marasme financier de la Sécurité Sociale. Mais c’est de l’argent si facilement gagné, pourquoi se l’interdire ?…

 

Nous sommes en territoire carnassier. L’on ne s’attaque qu’aux plus faibles du troupeau. Et les plus faibles, c’est nous.

(lire la suite)  

 

Publié dans Editorial

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